mercredi 30 avril 2014

Ecole d'humilité

© Fred Prat

« Quatre boules de cuir tournent dans la lumière » Claude Nougaro


La vie est un combat, et qui aura un peu vécu se rendra à cette évidence. Boxe, boxe. 

Depuis que le monde est apparu les organismes vivants luttent et insistent pour exister. Le si fragile brin d'herbe s'évertue à franchir les couches de terres, ou de cailloux, pour atteindre la lumière. Gauche, droite, enchaîne. Boxe, boxe. 

Plus proche de nous, le vaillant spermatozoïde vainqueur deviendra en s'accouplant à l'ovule qui l'attend, un être humain. Vous, moi. Esquive, remise. Avance. Déplace-toi. Boxe, boxe. 
Toutes ces luttes sont inhérentes à la vie, de l'activité sportive pratiquée de façon épisodique jusqu'au sport de compétition. Vouloir les aplanir, voire les éradiquer dans une société au risque zéro, et à l’effort nul, serait une erreur grossière pour le développement physique et mental de l'enfant, et de l'adulte qu'il deviendra. Parce que chaque petit innocent à qui nous donnons vie doit apprendre à se respecter, à respecter l'autre son égal, à maîtriser ses peurs et appréhensions, et à faire sa place (en plus de tout le reste...) Autant de vertus que le sport nous apprend. Pas de bagarre de rue. Boxe, boxe. 
Combien de petits délinquants bagarreurs sont devenus des hommes respectables en passant par la boxe ? Et les sports durs comme le "Noble Art" concourent à aguerrir l’individu, dans la mesure où son entourage y voit autre chose qu’une pompe à fric. Ce n'est pas en supprimant les écueils que l'on devient plus fort, plus sûr, c'est en s'y préparant, et en les affrontant que l'on peut les surmonter. Sac de sable. Punching-ball… et les heures de corde à sauter. Boxe, boxe. Ton jeu de jambes… Suer, perdre du poids. Boxe, boxe…

On peut être poète de talent comme Nougaro et apprécier la boxe. Avoir le « cartable bourré de coups de poings ». On peut être boxeur et devenir Nelson Mandela, homme d'état que nous avons connu et que nous admirons. Observe, analyse l'adversaire et patiente. Boxe, boxe. 

La boxe fascine. Parce que deux hommes, entraînés, se défient physiquement et mentalement sur un ring, se respectant mutuellement et respectant scrupuleusement les premières règles édictées en 1743  par Jack Broughton, pour éviter que ce sport ne soit une tuerie. En boxe, on ne frappe pas un homme à terre par exemple. Break. Relève la tête et boxe, boxe. 
Certes, la finalité est de gagner. Et alors !? Qui aime perdre ?  Le pugilat existe depuis plus de 3 200 ans, Homère en parle dans l’Iliade. Les hommes, même sages, ont toujours eu, dans leur jeunesse, besoin de cet affrontement. Dans notre monde moderne, les dames aussi s’y sont mises… Jab, jab…Ta garde…Boxe, boxe. 

La boxe sculpte les corps, tonifie les muscles, canalise l'agressivité naturelle de l'enfant, apprend à se défendre le cas échéant, mais surtout renforce le mental, la pugnacité, l'envie d'aller au bout de soi, avec un adversaire direct qui fera payer cash la moindre erreur. Et que cette souffrance sera physique et psychologique. Et qu'il faudra trouver en puisant profondément dans sa nature, le courage de surmonter sa peur, et de se maîtriser, pour ne pas tomber dans l’irrespect. Et de continuer. Prendre des coups, durs, les encaisser, les oublier pour aller plus loin. Esquive, esquive. Accroche-toi. Boxe, boxe. Remise.
Mais ce sport ne s'arrête pas là. L'acceptation douloureuse de la défaite (ou de la supériorité) à l'instant "T" de l'adversaire,  empêche de devenir prétentieux, arrogant. Par ailleurs, la victoire est belle et encourageante mais la retenue vis-à-vis du vaincu est de mise. On ne pavane pas, parce qu'on sait très bien que demain... on peut aussi aller mordre la poussière. Break... 7, 8, 9... Stop ? !  

En sport, et contrairement à quelque doctrine jusqu’au-boutiste venue des états-Unis notamment,  l'adversaire n'est pas un ennemi, et si le mot de "guerre" est utilisé, il reste impropre. On ne fracasse pas. On ne cherche pas à retirer la vie. Si l'esprit de combat, et le besoin de victoires existent, ce n'est pas pour autant que, le match terminé, on se hait, on sort les armes. Éduquer nos enfants à comprendre cette différence est fondamental pour leurs repères. 

C’est fini. Embrasse ton adversaire, vainqueur ou vaincu. Va saluer son coin. Reste digne. 


La cruelle défaite, lorsqu’elle arrive, sert autant que la victoire, avec en plus la volonté de progresser pour gagner. 


Texte : Roger Pascual - Photo : © Fred Prat. Toute utilisation du texte ou de la photo sans autorisation est formellement interdite.

lundi 7 avril 2014

Surf Tandem, le sport des rois et des reines.


Il semblerait que le surf ait toujours été présent dans la culture hawaiienne et même que les rois hawaiiens s'en servait pour asseoir leur légitimité auprès de leur tribus. Certains emmenaient leur reine dompter les vagues et affirmaient ainsi encore plus leur pouvoir d'évoluer et de maîtriser les vagues. 

En 1920, le Surf Tandem eu une deuxième vocation avec les "Beach Boys" de Waïkiki, qui emmenaient les touristes sur leurs planches pour un tour dans les vagues d’Honolulu. Toute la jet-set hollywoodienne venait surfer les vagues de Waïkiki et les starlettes de cinéma louaient les compétences de ces surfeurs aguerris. 
Pendant très longtemps ils se contentèrent de les aider à se lever voir de les asseoir sur leurs épaules. Deux légendes du Surf, Pete Peterson et Lorien Harrison vinrent à Hawaii en 1931 et découvrirent le Surf Tandem. Ils retournèrent en Californie l’année suivante pour commencer la pratique de cette discipline à Malibu et Corona del mar. Leurs premiers portés étaient très basiques comme les quinze premiers actuellement sur la "chart list". En 1963, beaucoup de couples réussissaient déjà à passer des portés basiques et ce n’est qu’en 1970 que la totalité des portés américains furent réalisés sur une planche.

Le Tandem en France
Depuis 1970, Steeve et Barrie Boehne ont sillonné le globe pour développer ce sport et apprendre la technique de ces figures lors de festival comme celui de Biarritz. Depuis 2000, on compte presque quinze couples d’assidus en France et un circuit national de quatre épreuves. La Fédération Française de Surf a reconnu depuis 2003 le Surf Tandem au sein de son fonctionnement et compte maintenant cinq épreuves par an dont une coupe du Monde. La discipline ne cesse de progresser par le nombre grandissant de couples licenciés mais aussi par une recherche tant du côté règlement qu’artistique (création de portés nouveaux).

Champions du Monde
Sarah et Rico pratiquent le Surf Tandem depuis 2002 et ont quelques titres à leur actif : sept fois champion de France, deux fois vainqueurs de la coupe du Monde mais un seul titre leur manquait, celui de Champions du Monde ISA. Ils viennent tout juste de remporter la compétition la plus prestigieuse en devançant les deux derniers tenants du titre. 


Bravo à eux qui manient avec élégance l'équilibre et la force nécessaires à cette jolie discipline.



Texte et photos : Rico Leroy

lundi 3 février 2014

Les filles du XV à l'honneur

Elles ont l’amour du rugby, elles y jouent, elles en parlent : ce nouvel opus de Tronches de rugby donne la parole aux joueuses du XV de France. Avec les joueurs du Top 14 qu’elles ont choisis, il est l’occasion d’un dialogue - poste pour poste - sur leur passion commune. A travers elles, rencontrées et photographiées hors des stades, il offre une galerie de portraits de joueuses, et surtout de femmes. A côté d’elles, enfin, il permet aux stars du Top 14 - torses nus et vertus féminines peintes sur le corps, façon Femen mais l’agressivité du slogan en moins - de rendre hommage à leurs "Sœurs d’armes".
Un hommage sincère et légitime. Un hommage nécessaire, aussi, à quelques mois de la Coupe du Monde de rugby féminin, que la France accueillera à l’été 2014.

Encore une fois c'est pour une bonne cause car Tronches de rugby - Sœurs d’armes est le support d’une donation à la Fondation Albert Ferrasse - Fédération Française de Rugby qui a pour objet de venir en aide aux joueurs de rugby blessés au cours d’un match ou sur le trajet entre leur domicile et le stade.

Tronches de Rugby - Sœurs d'armes
Edition Provale

lundi 27 janvier 2014

Elégantes "Ladies" au golf de Chantaco

Cette année, l'été indien nous a offert un spectacle somptueux. Fin septembre les meilleures joueuses européennes se sont retrouvées sur les greens du très beau parcours de Chantaco. Quelle chance, quel bonheur ce fut pour le nombreux public de connaisseurs - de néophytes et quelques curieux aussi - de pouvoir suivre, et approcher ces joueuses de talent sur un golf du pays basque. A voir l'attroupement d'enfants autour du green du 18, on peut parier que le golf - et le golf féminin à plus forte raison - a de beaux jours devant lui.

Une météo de rêve, un parcours amoureusement préparé par les équipes de jardiniers, une organisation soignée et des joueuses de très haut niveau. Dès le premier jour, c'est la française Joanna Klatten - dont nous reparlerons plus loin - qui prend les devants, accompagnée de la britannique Burke, avec un score de 64 (-6). A l'issue du deuxième jour, c'est avec une autre française, Gwladys Nocera, qu'elle occupe la tête du classement à -10 sous le par. Et au matin du dernier jour, elles sont encore trois françaises, toujours à -10, à mener le bal de cet Open de France : Joanna Klatten, Gwladys Nocera et Valentine Derrey. Mais… derrière, l'espagnole Azahara Muñoz pointe le bout de son tee à un coup seulement… Le dimanche, la redoutable andalouse grille la politesse à nos tricolores et vient s'imposer d'un seul point sur Valentine Derrey et Gwladys Nocera. Le public espagnol, venu en nombre encourager sa protégée pouvait repartir, l'affaire étant faite, et de belle façon : 5 birdies sur les 9 premiers trous pour Muñoz allaient assommer la concurrence. Seul ce bogey concédé sur l'avant-dernier trou pouvait réalimenter l'espoir de nos trois françaises, mais le mal était fait. Elles ne reviendraient plus ! 

Un spectacle séduisant
Quel régal ! Quel plaisir ! Suivre ces championnes pétries de talent et de volonté au fil des difficultés du parcours est un véritable enchantement. Les spectateurs présents ont pu mesurer l'élégance du swing,  la densité des frappes, la précision des gestes ; apprécier la tranquillité des lieux ; sentir la tension autour des coups importants, et profiter du charme de ces sportives de haut niveau. Sport et séduction sont des mots qui vont très bien ensemble, surtout chez les femmes. Il faut juste s'ôter de la tête l'idée que la force physique est l'outil majeur pour pratiquer un sport comme le golf. Le golf, c'est la force mentale permanente plus la condition physique affûtée. Sur un parcours, il faut de la vitesse pour propulser une balle à plus de 250 mètres, mais aussi de la maîtrise pour ne pas l'envoyer… n'importe où. Puis de la précision pour s'approcher le plus possible d'un trou de 11 cm de diamètre jusqu'à faire entrer la balle dedans. Ceci sur un terrain accidenté, garni d'obstacles et de pièges en tous genres : lacs attirants, arbres touffus, "bacs à sable" profonds, rus et autres cours d'eau joyeux… Le tout pendant presque cinq heures d'une lutte acharnée face aux éléments extérieurs et à son propre tempérament. Nos lecteurs qui pratiquent, ou ont pratiqué, savent bien que c'est dans un parcours de golf que se cache le "diable" !…

Une force intérieure
Alors pour résister et finir par l'emporter - au moins contre soi-même - il faut du calme, de la concentration, de la sérénité. Mais aussi de la détermination pour ne pas douter du prochain coup à jouer. Être sûr de soi sans être présomptueux, voilà l'équilibre à trouver dans ce sport. A ce jeu là, une des grandes animatrices du tournoi a fait très forte impression à Chantaco. Professionnelle depuis trois ans seulement, Joanna Klatten arpente les parcours du Ladies European Tour avec une décontraction et une assurance qui lui valent la sympathie et l'admiration du public. A 28 ans, elle est en constante progression et collectionne les places d'honneur. Ici encore, elle a mené le tournoi pendant trois jours avant de subir les assauts répétés de l'espagnole Muñoz. Sa quatrième place confirme son talent et son choix de vivre sa passion. A son retour des Etats-Unis, où Joanna suivit des études pendant près de cinq ans, elle découvre la vie de bureau, « Je ne pouvais pas rester enfermée dix heures par jour, alors j'ai laissé tomber ce poste pour devenir professionnelle. Les débuts étaient compliqués parce que je n'avais pas touché les clubs pendant près de deux ans. » La suite, Joanna l'écrit tous les jours, avec bonheur et réussite. 

Epanouie et mature
Sur le parcours, Joanna Klatten est souriante, chaleureuse, tonique, voire « très rapide » selon Arnaud, son caddie du week-end, membre de Chantaco et de St Cloud - le club de Joanna - et ami de longue date. Une vitesse qu'elle utilise aussi dans un swing qui lui permet d'être une des joueuses les plus longues du circuit avec une moyenne de 260 mètres au drive. « J'aime me détendre entre les coups, discuter d'autres choses. Puis je me concentre pleinement pour faire ce que j'ai prévu de faire, et je tape. » Pas de réflexion inutile, pas de place pour le doute, mais de l'efficacité témoin d'une grande maturité. 

Bien installée dans les trois premières joueuses françaises, Joanna est entrée dans le top 10 européen. Victorieuse en janvier 2012 du Victorian Open en Australie, elle continue ses gammes sur le circuit européen. Son objectif est d'accéder au circuit américain - le LPGA - afin de se confronter avec ce qui se fait de mieux au niveau mondial. C'est tout le bonheur que l'on peut vous souhaiter Joanna.