jeudi 23 mai 2013

La marraine de Tribunes : Isabelle Ithurburu

© Fred Prat
En un mot : souriante ! Mais aussi : naturelle, pétillante, gentille, vraie, sincère, généreuse, délicieuse et après toutes ces qualités il fallait bien lui trouver quelque défaut, non ? Serait-elle… gourmande par exemple ? Ho ! Le vilain défaut que de dire qu’être gourmand est un défaut ! Finalement, des mots, il en faudra neuf. Neuf, comme les Muses qui présidaient aux arts libéraux. Muse, voilà le mot qui pourrait décrire Isabelle Ithurburu.

Née il y a à peine plus de trente ans d’une mère bigourdane et d’un père basque, elle grandit à Pau et connut ses premières émotions culinaires et sportives. La cuisine, c’est d’abord celle de sa famille paternelle « Petite, quand il faisait froid, j’attendais le repas pour retrouver des goûts et des plats rassurants, chaleureux. Et ça me manque… » Isabelle ne résiste pas, au moment de choisir sur le menu, aux plats les plus riches « Quand je suis au restaurant, c’est pour me faire plaisir, alors je ne me prive pas et en général c’est du canard. Je l’aime sous toutes ses formes et particulièrement le confit. » Les fruits de mer aussi, le poisson « en sauce ». à Paris, c’est chez Christian Etchebest ou chez Mil’a qu’elle aime partager des bons repas avec ses proches.
© Fred Prat
Mariée à un argentin depuis quelques années, elle apprécie spécialement le bœuf préparé et cuit à la façon locale : l’asado. Véritable tradition sud-américaine, l’asado est un repas familial où la viande de bœuf est cuite pendant des heures grâce à une braise qui entoure la pièce accrochée à un piquet. « J’ai un grand souvenir de mon premier asado dans la famille de mon mari, en attendant que la viande cuise, on mangeait des empanadas et de la provoleta, c’est un fromage italien - le provolone - grillé avec des épices et de l’huile d’olive. Ensuite on se régalait avec la viande grillée ; elle a un goût fantastique. » 
Son mari mange plutôt « léger » mais il s’est quand même bien fait aux coutumes culinaires de la région, « Dans ma famille, c’est l’école bigourdane ; entrée, deuxième entrée, poisson, plat et dessert. » On en redemande… D’ailleurs pour les desserts, il faut « Du chocolat ou de la crème. Pour moi c’est un moelleux bien coulant, une glace ou un Paris-Brest. » Si elle avoue ne pas retrouver ses pénates assez souvent, elle se fait une joie de venir travailler à Bayonne ou à Biarritz, «  Quand je sais que je viens ici, je pense déjà à ce que je vais manger. » Et où… « Après le match du vendredi soir, et notamment en hiver pour se réchauffer et se sécher, on va souvent chez Gochoki à Biarritz. J’y retrouve la cuisine de ma grand-mère et on s’y sent vraiment bien. » Et des matchs sous la pluie, Isabelle en a connus quelques-uns cette saison, et même sous la neige. A tel point que certains la qualifient de «chat noir» du beau temps au pays basque. C’est exagéré.

© Fred Prat
Le sport, voilà son deuxième plaisir. Durant son enfance, elle partage les bancs de l’école avec Boris Diaw, les frères Pietrus, elle s’intéresse au basket, au handball, au rugby… « J’aimais bien le milieu du sport plutôt que le sport lui-même. Les valeurs et l’ambiance m’ont plu. J’ai vu mes amis s’entraîner dur et faire des sacrifices pour réussir. Tous ces efforts pour un club ou des couleurs, cela m’a toujours intéressé. » C’est d’ailleurs au Stade du Hameau à Pau qu’elle rencontre l’homme qui partage sa vie, et va l’accompagner au fil des clubs et des villes « D’avoir suivi depuis près de huit ans la carrière de mon mari, j’ai un œil avisé sur le monde du rugby, les joueurs, les entraîneurs. » 
Si elle ne se voit pas commenter un match parce que sur la technique « [elle n’est] pas au niveau des anciens joueurs et consultants qui ont toute la légitimité de le faire », elle apporte une originalité dans la présentation de l’émission quasi rituelle du samedi et dans ses interventions au bord du terrain le vendredi soir. « Avant le match, j’aime parler avec tous ceux qui vivent avec les joueurs toute la semaine. On y apprend plus qu’à travers les communiqués calculés des dirigeants ou des entraîneurs. Certains sont les rois de l’intox ou de la composition d’équipe cachée jusqu’au dernier moment… » 
Mais l’exercice, où sa présence est indéniablement un atout, est celui de l’interview. Se présenter devant des entraîneurs tendus comme des cordes de lyre pour leur demander quelques réactions. Certains s’y sont cassé les dents. « Je sais qu’il y a des questions qui ne servent à rien et je préfère les interroger pour qu’ils m’expliquent. Je suis le relais avec les téléspectateurs. Parfois, j’ai vu mon interlocuteur fortement agacé avant de répondre, et finalement assez calme dans sa réaction. Le fait d’avoir une femme en face d’eux contraint quelques-uns à la retenue. Et puis avec un sourire, tout passe… » 

Le sourire, ce divin rictus qui désarme les plus forts et réduit les grandes colères à l’état de légères contrariétés. D’ailleurs Philippe Guillard, passé un peu avant par cette fameuse case du bord de terrain, et homme de bons mots, eut récemment cette géniale inspiration : « Je suis au rosé ce qu’Isabelle est à la rose. » Il n’y a qu’une muse pour inspirer une telle tirade à un poète…



Retrouvez Isabelle Ithurburu dans Jour de Rugby chaque samedi à 22h35 sur Canal+