Cette année, l'été indien nous a offert un spectacle somptueux. Fin septembre les meilleures joueuses européennes se sont retrouvées sur les greens du très beau parcours de Chantaco. Quelle chance, quel bonheur ce fut pour le nombreux public de connaisseurs - de néophytes et quelques curieux aussi - de pouvoir suivre, et approcher ces joueuses de talent sur un golf du pays basque. A voir l'attroupement d'enfants autour du green du 18, on peut parier que le golf - et le golf féminin à plus forte raison - a de beaux jours devant lui.
Une météo de rêve, un parcours amoureusement préparé par les équipes de jardiniers, une organisation soignée et des joueuses de très haut niveau. Dès le premier jour, c'est la française Joanna Klatten - dont nous reparlerons plus loin - qui prend les devants, accompagnée de la britannique Burke, avec un score de 64 (-6). A l'issue du deuxième jour, c'est avec une autre française, Gwladys Nocera, qu'elle occupe la tête du classement à -10 sous le par. Et au matin du dernier jour, elles sont encore trois françaises, toujours à -10, à mener le bal de cet Open de France : Joanna Klatten, Gwladys Nocera et Valentine Derrey. Mais… derrière, l'espagnole Azahara Muñoz pointe le bout de son tee à un coup seulement… Le dimanche, la redoutable andalouse grille la politesse à nos tricolores et vient s'imposer d'un seul point sur Valentine Derrey et Gwladys Nocera. Le public espagnol, venu en nombre encourager sa protégée pouvait repartir, l'affaire étant faite, et de belle façon : 5 birdies sur les 9 premiers trous pour Muñoz allaient assommer la concurrence. Seul ce bogey concédé sur l'avant-dernier trou pouvait réalimenter l'espoir de nos trois françaises, mais le mal était fait. Elles ne reviendraient plus !
Un spectacle séduisant
Quel régal ! Quel plaisir ! Suivre ces championnes pétries de talent et de volonté au fil des difficultés du parcours est un véritable enchantement. Les spectateurs présents ont pu mesurer l'élégance du swing, la densité des frappes, la précision des gestes ; apprécier la tranquillité des lieux ; sentir la tension autour des coups importants, et profiter du charme de ces sportives de haut niveau. Sport et séduction sont des mots qui vont très bien ensemble, surtout chez les femmes. Il faut juste s'ôter de la tête l'idée que la force physique est l'outil majeur pour pratiquer un sport comme le golf. Le golf, c'est la force mentale permanente plus la condition physique affûtée. Sur un parcours, il faut de la vitesse pour propulser une balle à plus de 250 mètres, mais aussi de la maîtrise pour ne pas l'envoyer… n'importe où. Puis de la précision pour s'approcher le plus possible d'un trou de 11 cm de diamètre jusqu'à faire entrer la balle dedans. Ceci sur un terrain accidenté, garni d'obstacles et de pièges en tous genres : lacs attirants, arbres touffus, "bacs à sable" profonds, rus et autres cours d'eau joyeux… Le tout pendant presque cinq heures d'une lutte acharnée face aux éléments extérieurs et à son propre tempérament. Nos lecteurs qui pratiquent, ou ont pratiqué, savent bien que c'est dans un parcours de golf que se cache le "diable" !…
Une force intérieure
Alors pour résister et finir par l'emporter - au moins contre soi-même - il faut du calme, de la concentration, de la sérénité. Mais aussi de la détermination pour ne pas douter du prochain coup à jouer. Être sûr de soi sans être présomptueux, voilà l'équilibre à trouver dans ce sport. A ce jeu là, une des grandes animatrices du tournoi a fait très forte impression à Chantaco. Professionnelle depuis trois ans seulement, Joanna Klatten arpente les parcours du Ladies European Tour avec une décontraction et une assurance qui lui valent la sympathie et l'admiration du public. A 28 ans, elle est en constante progression et collectionne les places d'honneur. Ici encore, elle a mené le tournoi pendant trois jours avant de subir les assauts répétés de l'espagnole Muñoz. Sa quatrième place confirme son talent et son choix de vivre sa passion. A son retour des Etats-Unis, où Joanna suivit des études pendant près de cinq ans, elle découvre la vie de bureau, « Je ne pouvais pas rester enfermée dix heures par jour, alors j'ai laissé tomber ce poste pour devenir professionnelle. Les débuts étaient compliqués parce que je n'avais pas touché les clubs pendant près de deux ans. » La suite, Joanna l'écrit tous les jours, avec bonheur et réussite.
Epanouie et mature
Sur le parcours, Joanna Klatten est souriante, chaleureuse, tonique, voire « très rapide » selon Arnaud, son caddie du week-end, membre de Chantaco et de St Cloud - le club de Joanna - et ami de longue date. Une vitesse qu'elle utilise aussi dans un swing qui lui permet d'être une des joueuses les plus longues du circuit avec une moyenne de 260 mètres au drive. « J'aime me détendre entre les coups, discuter d'autres choses. Puis je me concentre pleinement pour faire ce que j'ai prévu de faire, et je tape. » Pas de réflexion inutile, pas de place pour le doute, mais de l'efficacité témoin d'une grande maturité.
Bien installée dans les trois premières joueuses françaises, Joanna est entrée dans le top 10 européen. Victorieuse en janvier 2012 du Victorian Open en Australie, elle continue ses gammes sur le circuit européen. Son objectif est d'accéder au circuit américain - le LPGA - afin de se confronter avec ce qui se fait de mieux au niveau mondial. C'est tout le bonheur que l'on peut vous souhaiter Joanna.